Nouvelle génération addictée à la chirurgie esthétique

Pour la génération des années 2000 que l’aiguille n’effraie pas, la chirurgie esthétique est une prestation de bien-être et beauté comme les autres, mais avec un coût peu élevé. Cette génération fait appel à cette discipline avec une grande insouciance. Selon une étude élaborée dans ce sujet, 26 % des filles de 18 à 24 ans envisagent une intervention sur leur visage. Cette cible représente actuellement 35 % de la patientèle. Depuis trois ans, elle croît deux fois plus rapidement que le marché des seniors. Et le post-Covid a accéléré encore cette tendance.

Le rôle de la pandémie

La pandémie du covid-19 a mis tout le monde face à ses défauts à l’aide des réunions en visioconférences, être connecté sur les réseaux sociaux et aussi les caméras de selfie. On a tous donc pris conscience de nos imperfections physiques. Surtout les milléniaux, ils veulent aujourd’hui pouvoir les rectifier, jusqu’aux plus jeunes qui ne supportent plus leurs cernes. Résultat : en quelques mois, les centres esthétiques au sein des grandes agglomérations ont poussé comme des champignons.

Ces centres esthétiques calquées sur ce qui se fait déjà au marketing (communication en ligne ou directe) commencent à se développer, démocratisant l’offre comme jamais. Moins intimidants que les cabinets médicaux traditionnels, ces lieux, qui bénéficient en prime d’un fort soutien de la part des influenceurs, attirent de fait les jeunes comme le miel les abeilles.

Une obsession de l’imperfection ?

Pour la jeune génération, la chirurgie esthétique leur présente une continuité du maquillage. C’est une nouvelle sorte d’amélioration d’apparence qui prend soins de tous les détails du visage d’une façon plus réelle et durable. Donc, pour le millénial qui cherche en permanence le moyen d’épater sa communauté, c’est une nécessité.

Après le traitement des cernes, la demande porte sur la qualité de peau, véritable prérequis à tout post Insta, même s’il est systématiquement rectifié par la suite avec des filtres. Vient ensuite l’injection des lèvres (car il n’y a rien de plus déplaisant pour cette génération qu’une bouche inexistante), les plus délurées allant jusqu’à demander les « Russian lips », un modèle de lèvres XXL avec un arc de Cupidon exagérément souligné, très connoté sexuellement et évidemment très en vogue sur les réseaux.

L’avis d’un expert face à cette vague

« De nos jours, la nouvelle génération ne connait pas de limite et on veut la contrôler. Les jeunes se dessinent mentalement une image à laquelle la chirurgie esthétique donne ensuite corps. On sent un fort désir d’ensauvagement, d’hybrider l’homme et l’animal pour donner à son physique une allure plus singulière et plus sexy que le baby face d’il y a quelques années », explique Bernard Andrieu, philosophe et sociologue, auteur de Manuel d’émersiologie.

Ce corps n’échappe pas au re modélisation. Seins haut perchés, fesses à la Kardashian, ventre plat et abdos en acier. À l’étage du dessous aussi, c’est sculpté. Pour certaines, il est devenu obligatoire, pour une silhouette harmonieuse, de faire combler le hip dips, une dépression naturelle située de chaque côté du bassin que la jeune génération considère comme une disgrâce absolue.